Pour Chiari (1926-2007), musique et art s’exprimaient de manière « totale » car totale était sa vision du monde.

En s’affranchissant de toute fidélité aux matériaux et aux techniques, il échappait à l’immédiate reconnaissance du marché et à son instrumentalisation. L’art pouvait ainsi aller d’une « production d’objets » vers une « production d’expérience ». L’action musicale et gestuelle, le fragment, le document, la photographie, la presse typographique, la feuille, le livre, l’instrument manipulé, le papier, le mot, le son, etc.., sont tous des éléments nouveaux et inédits, à insérer dans le jeu de l’Histoire de l’Art. Son travail agissait dans un système de logiques de type « paraconsistant », qui admettaient justement des formes de contradiction. On atteint ainsi une sorte de bouleversement du postulat leibnitien : ce ne sont  pas les mondes possibles qui fondent les lois de la logique ; au contraire, c’est nous qui choisissons les idées diverses d’un monde possible, selon nos exigences logiques. Les figures des auteurs musiciens Sylvano Bussotti et Giuseppe Chiari furent centrales pour la formalisation de cette portée de connaissances en musique et en art, le métabolisant en des langages inédits. Mais c’est avec l’Architecture Radicale, née à Florence en 1665/66, que ce paradigme de l’indétermination trouve un témoignage historique indélébile.

Giuseppe Chiari a pris part à quatre Biennales  de Venise et à quatorze Festivals Fluxus en Europe. Le Kunsthalle du Fridericianum Museum de Kassel lui a dédié une grande retrospective en 2001 et la Galerie Nationale d’Art Moderne de Rome a réalisé une exposition de son oeuvre en février 2005.