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Exposition Jacques Renoir « Eaux vives »

novembre 28, 2020 @ 8 h 00 min - février 27, 2021 @ 18 h 30 min

Jacques Renoir – Eaux vives
Ouverture de l’exposition le samedi 28 novembre.
Exposition jusqu’au 23 janvier 2021. L’exposition est prolongée jusqu’à fin février 2021. Entrée libre

 

JACQUES RENOIR : LE DOUBLE APPEL
Jacques est mon mari. Il me demande d’écrire un texte sur son travail. Plus précisément sur cette exposition, Eaux vives, dont je connais bien les photographies pour les avoir vues dans son atelier ou sur le terrain en train d’être prises.
J’accepte d’emblée, même si je suis dans une position doublement délicate en tant qu’épouse du photographe et participante à l’exposition. Nous avons en effet réalisé une œuvre en commun, un diptyque photographie-poésie. A lui les images, à moi les mots. Cette œuvre est Le Lac.
J’accepte d’emblée parce que j’aime ce qu’il fait. Et comment il le fait. Mais aussi parce que c’est l’occasion pour moi de porter sur ses images un autre regard, non plus contemplatif mais analytique. Et à sa façon, conforme à cet « au-delà du regard » dont Jacques se réclame.
J’ai sous les yeux l’ensemble de ses Eaux vives. Je les détaille longuement.

Il me semble qu’il y a dans ses photographies un double appel qu’on pourrait tenir pour contradictoire si l’on n’en éprouvait l’intensité. Ce double appel est celui de la fixité et du mouvement, de l’instant et de la durée, du suspens et du cours. En somme celui d’une statique et d’une dynamique.
Je regarde la photographie des enfants sautant dans les jets d’eau. Un arrêt sur image. Un élan qui se poursuit au-delà de l’image. L’arrêt ne bloque rien. Au contraire il exhibe dans une surprenante précision ce que l’œil ne peut saisir : l’égrènement de chaque goutte d’eau dans la verticalité d’un jet. Mais cette attention si prenante à la présence, s’allie à une impétuosité que rien ne peut empêcher. Or c’est là une constante de la pratique photographique de Jacques. Fouiller un point de vue en variant les techniques, les perspectives, les lumières, les couleurs, jusqu’à trouver ce point profond qui est la naissance d’une visibilité neuve. Et la lancer dans son mouvement propre.

A l’évidence il n’a jamais quitté son métier de cinéaste, même dans la photographie. Au contraire. Il l’y sublime.
C’est perceptible en ce que chacune de ses images, intentionnellement dit-il, raconte une histoire. Que cela soit une photographie unique comme celle d’un couple minuscule sur une plage, entre galets et eau, de la Promenade des Anglais, ou que cela soit dans le choix d’une série de photographies associées, en deux, trois, cinq, ou même douze images comme pour Le Lac.
Dans la photographie unique, c’est le détail qui bouleverse les aplats du paysage marin et qui suggère l’écoute d’un échange intime.
Dans le cas des séries, comme par exemple dans les trois photographies d’Harlem sous la pluie, c’est le combat qui est capté, en des scènes de rue où les passants luttent contre une averse. Dans les douze photographies du Lac, c’est, cliché après cliché, la lente venue de l’orage tombant sur son propre reflet, à la surface d’un lac.

Toutefois je crois que sa relation au cinéma se fait la plus forte lorsque l’ensemble de ses photographies uniques ou appareillées, sont elles-mêmes mises en scène autour d’un thème. Celui-ci lui permet en effet d’embrasser dans un mouvement unique et supérieur toutes les déclinaisons qu’il souhaite. Cette cinétique des cinétiques n’est plus simplement narrative mais existentielle car elle inclut tous les possibles. Les Eaux vives se trouvent ainsi circonscrites, comme par une caméra circulaire et elles s’énumèrent en joie de vivre, en éclaboussures, en menace d’orage, en recherche d’abri, en paisible contemplation, en bruissement de ruisseau.
Pour autant le double appel n’en résonne pas moins jusque-là. Car, en sa force et son paradoxe, le mouvement embrassant pénètre dans la matière et y trouve une essentialité statique, à la limite de l’abstraction. Juste à la limite. C’est elle qui saisit dans les gerbes de la tempête Alex la puissance élémentaire de l’eau, supérieure à toute humanité. Ou dans la somptuosité des couleurs du désastre, le vert profond des eaux mortelles.

Claude Montserrat-Renoir
Philosophe
Nice, Novembre 2020

Bibliographie de Claude Montserrat :
Cette Lumière, Encre Marine, 2000 
Consolation à Dagerman, Encre Marine, 2009
« Sois ! » De l’existence à la présence, Geuthner, 2016
L’à peine ou la façon de l’ange, Geuthner, 2019
Des soirs et des matins, Geuthner, 2020-2021 (à paraître)
Deux portfolios réalisés avec Jacques Renoir :
Petite ontologie du reste, 2008
Le Lac, 2015

Détails

Début :
novembre 28, 2020 @ 8 h 00 min
Fin :
février 27, 2021 @ 18 h 30 min
Catégories d’Évènement:
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Organisateur

Galerie Depardieu

Lieu

Galerie Depardieu
6 rue du docteur Jacques Guidoni
Nice, 06000 France
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Phone
0966890274